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Les produits issus des secteurs de la mécanique sont très
généralement des ensembles constitués de différentes pièces ayant
chacune une ou des fonctions principales. Ces fonctions requièrent
de chaque pièce un certain nombre de spécifications en rapport
avec la tenue mécanique, les propriétés magnétiques ou électriques
et la durabilité en service.
La compatibilité du produit par rapport aux conditions de service
est assurée en partie par les caractéristiques intrinsèques des
matériaux mis en
uvre. Ces caractéristiques permettent de
destiner certaines classes de matériaux à des usages spécifiés.
Parmi les diverses caractéristiques courantes des matériaux en
usage dans l'industrie mécanique, citons :
- contrainte limite de rupture,
- dureté,
- ténacité,
- sensibilité aux attaques chimiques,
- tenue à haute température,
- conductivité électrique,
- propriétés magnétiques,
- conductivité thermique,
- masse volumique.
Outre ces caractéristiques, les matériaux sont disponibles sous
différentes formes. Ainsi des états de livraison en particules, en
granulés, en barres, en plaques, en lingots, en fils, en tissus ou
en films sont couramment rencontrés. La forme et la morphologie
sous laquelle se présente la matière première est un élément
important qui conditionne la gamme de fabrication propre à la
phase de mise en forme de la pièce.
Les procédés de mise en forme et leurs combinaisons possibles sont
particulièrement variés. Ils concernent l'ensemble des classes de
matériaux (métallique, céramique, organique, composite). De plus,
les procédés confèrent aux matériaux mis en forme des attributs et
des propriétés. Le procédé détermine des aspects géométriques tels
que la forme et la taille, ainsi que les microstructures et
parfois même la composition chimique. À ce titre, les techniques
de mise en forme exploitent les propriétés des matériaux en vue de
contrôler les futures propriétés d'emploi du matériau constitutif
de la pièce.
Les aspects typiques du contexte de production sont les cadences
de fabrication, la consommation énergétique, le prix de revient de
la pièce, le recyclage. Les difficultés éventuelles lors de la mise
en
uvre du procédé et le contrôle de la stabilité de celui-ci en
production (répétabilité) constituent des éléments importants pour
le choix d'une association matériau-procédé.
Ce choix peut être réalisé parmi l'ensemble des procédés, dont
quelques exemples sont présentés dans la liste suivante :
- le moulage par gravité : les métaux sont portés à l'état liquide
afin de permettre le remplissage de moules aux géométries
complexes. Les dimensions courantes maximum des pièces
sont relativement faibles (25 à 500 mm). Le taux de production de ce procédé est
compris entre 5 et 50 unités par heure. Les tolérances dimensionnelles
sont comprises entre 0.1 et 2 mm. La fraction de matériau
utile1.1 est, quant à elle comprise entre 0.6
et 0.8.
- l'emboutissage : les tôles pré-laminées (éventuellement recuites) sont
embouties à froid exploitant ainsi la propriété de grande ductilité de
certains alliages métalliques.
L'emboutissage permet des
taux de production de 30 à 200 pièces à l'heure. Les tolérances
sont de 0.1 à 1 mm. Les pièces peuvent atteindre des dimensions
relativement importantes (de 50 à 5000 mm). La fraction de matériau
utile est dans ce cas comprise entre 0.7 et 0.8.
- l'estampage des composites : les mâts de pré-imprégnés sont
comprimés entre deux matrices portées à une température de 250 ^&cir#circ;C
environ, conduisant à la réticulation de la résine thermodurcissable.
Le taux de production est relativement faible (de 12 à 60 unités par
heure), de même que les tolérances dimensionnelles (de 0.12 à 1 mm).
Par contre, la gamme de dimensions des pièces est importante
(10 à 2000 mm). La fraction de matériau utile est de 0.8 à 0.9.
- l'usinage : la modification de forme s'opère par retrait de
matière par utilisation d'outils adaptés à la matière usinée (outils
plus durs, plus tenaces que le matériau usiné).
Dans le cas particulier de l'usinage automatisé, le taux de production
peut aller de 10 à 5000 pièces par heure. Les tolérances sont
alors comprises entre 0.005 et 1 mm pour des dimensions caractéristiques
comprises entre 10 et 5000 mm. La
fraction de matériau utile est comprise entre 0.2 et 0.9.
- la forge : les lopins sont mis en forme à froid ou chauffés à
une température de 0.8
1.2. Dans le cas de la forge à froid, le taux de production est de
100 à 500 pièces par heure, alors que pour la forge à chaud, ce taux
est de 10 à 300. Outre ces cadences, ce procédé permet d'obtenir
des tolérances dimensionnelles de bonne qualité (0.08 à 0.3mm à froid
et 0.25 à 2 mm à chaud). Les pièces ainsi mises en forme peuvent
être
compliquées, mais les dimensions sont limitées (30 à 800 mm à froid
et 200 à 800 mm à chaud). A froid, la fraction de matériau utile est
entre 0.85 et 0.95. A chaud, cette fraction est de l'ordre de 0.6 à 0.9.
- le moulage par injection : les granulés de polymère sont fondus
puis injectés par une vis sans fin dans un moule en coquille. Le
taux de production de ce procédé est de 60 à 3000 pièces par heure.
Les tolérances qui peuvent être atteintes sont de 0.025 à 1 mm.
Les pièces peuvent avoir une gamme de dimensions comprises entre
10 et 2000 mm. La fraction de matériau utile est de 0.6 à 0.9.
- la mise en forme des poudres : le matériau sous forme
pulvérulente
est mis en forme par l'intermédiaire de sollicitations mécaniques
et/ou thermiques. Dans le cas particulier de la compression froid
en matrice, les cadences sont de 120 à 2000 pièces par heure. Il est possible
d'obtenir des tolérances dimensionnelles de 0.025 à 0.5 mm.
Les dimensions courantes pour la compression à froid sont de 10 à 100 mm. La
fraction de matériau utile est comprise entre 0.9 et 0.99.
La liste non-exhaustive ci-dessus met l'accent sur les aspects
cadences de production et précision dimensionnelle atteignable en
cours de mise en forme. Dans ce cadre, le moulage par injection et
la compression à froid des poudres sont particulièrement proches.
Afin d'opérer une sélection parmi ces deux procédés, d'autres
caractéristiques sont à prendre en compte suivant le domaine
d'application (durée de vie de l'outillage, prix de l'outillage,
rayon du congé de raccordement minimum).
Lorsque le choix de la combinaison matériau-procédé se pose de
manière précise, de nombreux paramètres sont à prendre en compte :
- le type de produit : "semi-produit" ou pièce
finale,
- le type de forme géométrique recherchée (2D,
axisymétrique ou tridimensionnelle),
- les dimensions et les rapports entre ces dimensions,
- les tolérances (ou précision) sur certaines cotes
fonctionnelles,
- les modes d'assemblage éventuels envisagés,
- les caractéristiques de service escomptées pour la pièce
formée,
- la flexibilité de l'outil de production,
- la complexité de la gamme de fabrication,
- le prix de revient par pièce.
Il n'existe pas de mauvaise solution concernant les associations
matériaux-procédés, mais de mauvaises applications pour des cas et
contextes clairement identifiés. Ainsi, la métallurgie des
poudres a trouvé au cours des années de son développement des
domaines d'applications privilégiés. Afin d'illustrer ce propos,
considérons les exemples suivants.
La production d'engrenages peut être, entre autre, réalisée par
usinage. Dans ce cas, une portion importante du volume initial de
matière première est perdue sous forme de copeaux. Généralement
composé de plusieurs phases (ébauche, finition), ce procédé permet
d'obtenir de très bonnes précisions dimensionnelles sur la
géométrie des dentures. Les engrenages peuvent également être produits par injection
d'acier en fusion. Par ce procédé primaire, il est possible
d'obtenir des géométries précises, mais les moules d'injection
sont chers, et les reprises d'usinage souvent nécessaires
(ébavurage, rectification). Une autre technique mise en
uvre aujourd'hui dans le secteur
automobile est la compression à froid de poudre de fer en
matrices, cette opération étant suivie d'une phase de frittage. Ce
procédé permet de minimiser les pertes de matière première (de
l'ordre de 1%). Les pièces sont comprimées "juste aux cotes" car
il n'est pas nécessaire d'ajouter une d'opération secondaire
(reprise d'usinage, calandrage) pour obtenir la géométrie requise.
Pour ces pièces de formes complexes, les cadences sont élevées
(plusieurs centaines de pièces à l'heure). Ce dernier argument est
déterminant pour le choix de ce procédé spécifique.
La gamme de fabrication composée des opérations de compression à
froid et de frittage des poudres de carbure de tungstène
(céramiques techniques) permet la réalisation d'outils de coupe
beaucoup plus performants que ceux en aciers "rapides". Produites
en très grandes séries, les plaquettes d'usinage doivent être
obtenues en une seule étape, car les opérations secondaires ne
sont pas envisageables pour ce matériau très dur et fragile. Cela
implique l'obtention directe de la géométrie du produit fini. Par
ailleurs, ce procédé n'est pas concurrencé par les procédés de
moulage compte tenu des températures de fusions caractéristiques
des céramiques techniques.
Certains procédés spécifiques à la métallurgie des poudres, comme
la compaction isostatique à chaud (CIC), sont mis en
uvre
depuis quelques années pour la fabrication de turbines. Plus
particulièrement, cette technologie est considérée lorsque les
pâles sont comprises entre deux flasques (circulation du fluide
dans une forme fermée). De nouvelles géométries peuvent être ainsi
envisagées dans la mesure où elles étaient inaccessibles aux
procédés d'usinage ou de soudage. Ainsi, le procédé de CIC permet
d'obtenir directement une très bonne qualité dimensionnelle sur
les pâles. Les mélanges de poudres utilisés, superalliage ou acier
inoxydable, permettent d'obtenir des pièces à très hautes
caractéristiques mécaniques pour un fonctionnement à température
élevée. Les matériaux ainsi obtenus ont des propriétés de service
équivalentes que celles issues d'une mise en forme par forgeage à
chaud.
Pour finir cette liste non exhaustive de domaines d'application,
le cas des aimants permanents à forts champs magnétiques illustre
encore les gains de performances qui sont conférés au produit par
une association matériau-procédé spécifique à la métallurgie des
poudres.
La matière première est constituée de grains de poudres dont
chaque grain a une orientation magnétique. Suite à l'application
d'un champ magnétique, une même orientation est obtenue pour
l'ensemble des grains. L'application d'une compression mécanique
en matrice élastomère (Rubber Isostatic Pressing) permet par
agglomération des grains de maintenir l'orientation préférentielle
préalablement établie par un champ magnétique extérieur. Les
aimants ainsi obtenus produisent des champs magnétiques plus
intenses que ce que l'on peut attendre de matériaux massifs
aimantés suite à la mise en forme. Ces derniers sont produits par
exemple par usinage dans la masse après une première phase faisant
intervenir la fonderie.
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FRACHON Arnaud
2002-11-12